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L'eau d'ici
27 juillet 2007

KHEPRI

Il y a 4000 ans en Egypte du coté d’Héliopolis, un des dieux le plus populaire était Khepri. Ce nom signifie en gros « qui crée l’existence », c’était le dieu créateur de la vie. Son boulot consistait à sortir le Soleil de son trou, et à le transporter durant la journée d’Est en Ouest, il était ripeur d’astre solaire. Il était très vénéré car sans Khepri pas de soleil, et sans soleil …………..

Khepri c’est le scarabée d’or. En terme plus vulgaire, c’est le bousier égyptien.

4scarab

Cette société avait élevé au rang de dieu, un petit insecte qui passait son temps à rouler des boules d’argile rouge. La sphère rouge qui tourne a une forte connotation symbolique solaire. En fait la bille n’était pas faite que d’argile, le bousier se nourrit des excréments des ruminants, pour que cette nourriture soit appréciée il faut qu’elle soit un peu fraîche. Alors le gars (les égyptiens croyait que les bousiers n’étaient que mâle) il fait une petite boule de bouse, il l’entoure d’argile afin de créer une coque protectrice contre la déshydratation, et il va la porter loin de la chaleur du chemin. Il la met à l’abri dans l’ombre. Il était aussi le symbole du cycle éternel, car dans cette bille d’argile, il y avait un œuf, et la larve du scarabée une fois née, se nourrissait de l’intérieur de la bille d’argile. Symboliquement le scarabée naissait du soleil qu’il venait de créer à partir du déchet ultime (enfin à l’époque c’était le déchet ultime, car de nos jours en déchets ultime on a trouvé largement mieux).

Au XIXème siècle l’Australie à été colonisée par les colons agricoles (les farmers et les squatteurs). Ils sont venus exploiter les immenses plaines de ce continent exceptionnel. Avant leur arrivée, il n’y avait pas de chèvre, pas de lapin, pas de vache. Ils ont importé le bétail qu’ils ont mis a pâturer dans les prairies qui s’étendaient à perte de vue. Au bout de quelques temps, les bouses de vaches se sont accumulées sur le sol. Le bétail piétinait dans ses excréments. Les mouches se sont développées à leur aise. Chaque petite blessure s’infectait immédiatement. Dans les prairies recouvertes de bouses, l’herbe ne pouvait plus pousser. Le bétail ne pouvait plus être nourri. Si rien n’avait été fait, ces colons allaient tout simplement crever de faim les pieds dans la merde. Ils ont eu alors l’idée d’introduire le bousier, cette petite bestiole s’est occupé du grand nettoyage. Elle a mangé les bouses et les a transformé en humus. Cet humus a servi d’engrais pour les plantes qui se sont remises à pousser de plus belle. La quantité de mouches a fortement diminué car elles n’avaient plus de support pour se reproduire. La vie de milliers d’hommes a ainsi été sauvée grâce à un bousier.

geotrup

Dans nos régions, notre bousier national, s’appelle le géotrupe (ah tiens ! c’est comme le nom du site). Il ne pousse pas de boulettes et ne les entoure pas d’argile, ce serait inutile l’humidité générale de l’atmosphère ne le justifie pas, mais il doit quand même conserver sa nourriture fraîche. Alors quand notre géotrupe trouve une bouse. Il reste sur place, il creuse un tunnel de quelques centimètres de profondeur sous le crottin. Au bout de ce tunnel, il aménage une petite chambre. Et au milieu de ce logis, il va fabriquer une boule avec des petits morceaux de crottin. Pour créer la forme, il ne la tourne pas, c’est lui qui tourne autour, la boule ne bouge pas. Aucun bousier de chez nous ne fabrique de sphère en la roulant (et hop, une idée reçue au placard). Il façonne une sphère parce que c’est la forme, qui pour une quantité de matière donnée présente la surface de contact avec l’extérieur la plus petite. Autrement dit c’est la forme qui se dessèche le moins vite. Il dépose un œuf au milieu ou au dessus suivant les espèces. A l’éclosion la larve se nourrira de la sphère encore un peu humide.

Nous n’avons plus l’habitude de nous promener dans les prairies, mais il nous arrive de croiser notre géotrupe en forêt sur les pistes de chevaux. C’est ce petit insecte noir luisant, un peu pataud qui décortique les crotins de chevaux. Alors après avoir lu ce qui précède, la prochaine fois que le verrez, je vous en prie, ne prenez pas un air dégoûté, mais ayez une petite pensée pour Khepri. Ce n’est pas tous les jours qu’on croise un Dieu vivant.

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Commentaires
F
du fond du coeur pour ce passionnant et émouvant premier billet.<br /> chaque fois que des préjugés, de fausses croyances, des peurs-dégoûts injustifiés sautent, c'est selon moi un grand pas pour l'humanité (et bien entendu, en l'occurrence et conséquemment, pour la faune et la flore).<br /> puisse le maximum de gens te lire...
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