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L'eau d'ici
28 août 2007

OPHRYS INSECTIFERA

tige

On trouve cette petite plante insignifiante partout en France sauf en Bretagne et en Corse. J’en trouve régulièrement à une trentaine de kilomètres de l’arc de Triomphe. Elle fait une vingtaine de centimètres de haut. Les fleurs font toutes environ 1 cm de longueur. Elles poussent sur les pelouses calcaires. La repérer n’est pas facile, sa fine tige verte se confond avec l’herbe. Son nom scientifique c’est Ophrys Insectifera ; Ophrys du latin ophrus qui veut dire Sourcil, insectum on s’en serait douter signifie insecte et fera signifie porter. Donc nous voilà  devant un sourcil porte-insecte. Oublions le sourcil, et intéressons nous à l’insecte, le nom commun de cette plante va nous aider elle s’appelle l’ophrys mouche. En plissant les yeux on peut effectivement imaginer que la tache violette est le dos d’une mouche, la fleur peut faire penser à une mouche posée sur une petite fleur verte. Si, si de loin ça le fait.

Mais regardons de plus près.

mouche

Vous l’avez deviné, cette plante est une orchidée : trois sépales, deux pétales et un labelle qui est un pétale modifié. Pas convaincu.

Details

Ca va mieux.

Pourquoi vous parler de cette orchidée en particulier?

Parce qu’elle illustre à merveille la théorie de l’évolution.

Pour les orchidées, les pollinisateurs sont des insectes et souvent pour une orchidée donnée il correspond un seul type d’insecte. Pour faire avancer le schmilblick, il faut trouver le pollinisateur de cette fleur. Une technique consiste à planter sa tente devant la plante et attendre, mais c’est long. L’autre solution c’est l’opportunisme: à la longue de passer au bon endroit à la bonne heure, statistiquement un jour on finit par être récompensé. J’ai eu un jour cette chance, je vous montre l’insecte.

guepe1

On ne distingue par forcément bien, mais c’est une guêpe, maintenant regardons à nouveau la fleur, oubliez les couleurs, les insectes ne voient pas comme nous. Les pétales réduit a de fins filets ressemblent à s’y méprendre à des antennes. Les guêpes possèdent quatre ailes dont les deux antérieures sont plus courtes que les autres. La fleur fait exactement la taille de l’insecte. C’est clair, la guêpe croit avoir affaire à une congénère. Ou plutôt l’insecte mâle croit avoir affaire avec une partenaire, et il va tenter de mener à bien une copulation. Bien sûr, il n’y arrivera pas, mais durant l’acte, des pollinies vont se coller sur la tête de l’insecte et il ira les déposer sur une autre fleur. En abusant l'insecte, en lui faisant croire qu'il mêne à bien sa tâche de reproduction, l’orchidée vient de réaliser la sienne. Il faut ajouter que l’ophrys mouche diffuse des phéromones correspondant à ceux de la guêpe femelle.

Maintenant asseyons nous quelques instants face à cette fleur. L’orchidée n’a pas d’yeux, n’a pas de nez, comment sait-elle la forme qu’il faut prendre pour ressembler à la guêpe. La réponse est simple, elle ne le sait pas. Cette œuvre d’art est due à l’évolution. Imaginons un instant, les millions et les dizaines de millions d’années qu’il a fallu pour que cette fleur adopte la forme qu’elle a de nos jours. Laissons nous emporter par l’ivresse due à l’impuissance de notre imagination à définir les étapes de la création de cette fleur.

Vous avez certainement déjà vu à la télé, sur fond de musique symphonique, un reportage sur des fleurs exotiques, décrivant des relations plantes-insectes correspondantes à ce que je viens d’écrire. Pour finir, je voulais aussi montrer par cet article que les merveilles de la nature ne se trouvent pas toujours à des milliers de kilomètres de chez vous. 

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